lundi, juillet 01, 2013

Bob Bowman, un "mythe" au service de Yannick Agnel



Bowman ancien et Phelps

"Bob Bowman, c'était une évidence pour moi. C'est vraiment un mythe." Yannick Agnel pouvait difficilement viser plus haut. Quelques jours après avoir mis fin à sa collaboration avec Fabrice Pellerin, qui l'accompagnait depuis sept ans à l'Olympic Nice Natation, le champion olympique du 200 m et du 4 × 100 m a annoncé mardi après-midi qu'il s'entraînerait désormais, aux Etats-Unis, sous les ordres de celui qui fut le mentor du plus grand nageur de l'histoire.

Au North Baltimore Aquatic Club (NBAC), Agnel plongera en effet dans le bassin qui a vu Michael Phelps grandirprogresser et façonner ses médailles d'or olympiques d'Athènes en 2004 (six) et de Londres en 2012 (quatre) – le fabuleux octuplé réalisé par l'Américain en 2008 à Pékin avait été préparé à l'université du Michigan, où il avait suivi Bob Bowman.


Avant de poser ses claquettes à Baltimore (Maryland), "coach Bowman", né en Caroline du Sud il y a quarante-huit ans, et entraîneur diplômé depuis 1986, a écumé les piscines américaines : Floride, Ohio, Nevada, Ohio encore, Californie, Alabama et Californie à nouveau – jamais plus de deux ans au même endroit. En 1996, cet ancien nageur tout juste honorable rencontre Michael Phelps, 10 ans, et déjà une dégaine et des chronos prometteurs. Il deviendra son entraîneur l'année suivante, et le restera jusqu'à la retraite des bassins, l'an dernier, à 27 ans, du "Kid de Baltimore", pour lequel il aura parfois été, aussi, un père de substitution – les parents Phelps s'étaient séparés quand Michael avait 9 ans.

"BRUTALEMENT HONNÊTES"

Seize ans : aujourd'hui, dans le sport de haut niveau, une telle longévité relève de l'anomalie. "Elle tient principalement au fait que nous ayons été brutalement honnêtes l'un avec l'autre pendant toutes ces années, explique Bowman. Si quelque chose ne me plaisait pas chez Michael, je n'hésitais jamais à le lui dire, et c'était réciproque. Croyez-moi, nous avons eu de nombreuses disputes. Mais nous avions aussi un grand respect et une grande confiance l'un envers l'autre."
Yannick Agnel, qui expliquait mardi vouloir "trouver chez Bob Bowman ce qui manquait à Nice : la chaleur humaine, le partage, la sincérité", a fait part de ses premières impressions, quelques heures après son retour de Colorado Springs, où il a rencontré son nouvel entraîneur. "Je suis vraiment ravi qu'il ait accepté ce projet, je suis ravi de connaître ce personnage. Je n'ai pas été déçu, c'est quelqu'un de très simple, très humble. Je l'ai contacté par Twitter et il m'a dit avoircru à une blague..."

"BEWARE OF BOB"

S'il s'est adouci depuis l'époque où un panneau "Beware of Bob" (jeu de mots avec beware of dog, "attention au chien") ornait l'entrée de son bureau du NBAC, s'il n'est plus l'entraîneur zélé qui dégoûtait ses premiers élèves de la natation en les surchargeant de travail, Bob Bowman reste un intransigeant, un vrai. "Je n'accepte pas autre chose que la perfection", dit-il, ce qui a parfois conduit à de jolis feux d'artifice, même avec le meilleur nageur de tous les temps, viré de l'entraînement plus souvent qu'à son tour. 
"La philosophie de Bob est plutôt simple, écrivait Michael Phelps dans No Limits: the Will to Succeed, une autobiographie parue après les Jeux de Pékin 2008.Nous faisons ce que les autres ne peuvent, ou ne vont pas faire. Ses attentes aussi sont simples, comme cette citation qu'il a affichée au tableau un jour à l'entraînement, quelques mois avant les Jeux. Elle provient d'un livre sur les affaires, mais s'applique aussi au sport : 'Dans les affaires, les mots sont des mots, les explications sont des explications, les promesses sont des promesses, mais seule la performance est une réalité.' Bob est extrêmement exigeant. Mais c'est avec lui que j'ai appris cette vérité essentielle : rien n'est impossible."

Des similitude avec Fabrice Pellerin

Diplômé en pédopsychologie, éleveur de chevaux à ses heures perdues, pianiste depuis l'âge de 10 ans – cela fera un autre sujet de conversation avec Fabrice Pellerin, lui aussi mélomane –, Bowman compte également, dans son écurie, une certaine Allison Schmitt, championne olympique du 200 m, et principale rivale de Camille Muffat, l'autre élève-vedette de Pellerin. Après les Jeux de Londres, le technicien américain s'est engagé avec le cabinet TSE Consulting, qui prodigue des conseils aux fédérations sportives à travers le monde, et Bowman a déjà collaboré avec celles de Grande-Bretagne, de Turquie et des Emirats arabes unis.
Elu entraîneur de l'année aux Etats-Unis en 2012, Bowman déclarait, lors de la remise du trophée : "Vraiment, cela récompense un travail d'équipe de tout le monde au North Baltimore Aquatic Club, pas seulement moi en train de gueulersur des gens." Il avait déjà été distingué en 2001, 2003, 2007 et 2008, et ses cinq trophées le placent à la hauteur de deux de ses confrères. Il ne serait pas contre un sixième, qui lui permettrait d'être seul au sommet du palmarès. "Comme ça, on ne pourrait plus dire que tout ça, c'était juste grâce au talent de Michael."Désormais, ce pourrait aussi être grâce au talent de Yannick.

source : lemonde.fr

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